Quand vous vivez avec la sclérose en plaques, la première difficulté est l'acceptation physique. En quelque sorte, vous avez un nouveau corps. Les défis proposés par ce nouveau corps peuvent être immenses.
Aujourd'hui,
je ne peux plus courir. Je tiens entre 300 et 500 mètres, après mon dos me tire énormément. C'est d'ailleurs des
problèmes de course à pied qui m'ont fait comprendre qu'il y avait un soucis.
Début 2014, j'ai couru 10 kilomètres en une heure vingt et je suis tombé trois
fois sans être poussé. Ce jour-là, j'ai compris qu'il y avait quelque chose de
neurologique, j'ai fait un IRM dont j'ai demandé un second avis et finalement
j'ai trouvé. Je savais que j'avais quelque chose et le premier médecin parlait
juste d'une petite trace blanche. Ma persévérance a payé. J'ai découvert la
maladie relativement tôt, un mal pour un bien.
L'acceptation
physique, qui va de la fatigue à des douleurs ultimes en passant
potentiellement par de l'incontinence, ne s'acquiert que si la personne se
focalise sur ce qu'il peut encore faire et non sur le regret. J'ai peut-être eu
la chance d'avoir des gens dans ma famille, qui ayant eu des graves maladies, me disaient "regarde ce que j'ai réussi à faire" ou "regarde ce
voyage qu'on a fait". Cela m'a donné de la motivation pour m'accepter
physiquement. L'acceptation physique n'est pas évidente. Certains grossissent
énormément, d'autres maigrissent. J'ai perdu 8 Kilos que je regagne petit à
petit aujourd'hui. J'ai pleuré de ne plus pouvoir courir et de ne plus pouvoir
jouer au football. J'ai dû arrêter de boire de l'alcool, complètement. Ce fut
le plus terrible. Il m'a fallu 3 mois pour m'en remettre et accepter que des
gens boivent devant moi. Dans tous les cas d'acceptation, je dirais que le plus
dur est la discipline durant la période d'acceptation. Vous devez vous sevrez
d'une certaine manière, vous focalisez sur le futur. Les symptômes vont évoluer
toute votre vie donc il se peut que vous sentiez que votre corps évolue progressivement et que le processus de l'acceptation physique soit recommencée régulièrement. Aller de l'avant, se focaliser sur le futur et continuer à
penser à ce que vous pouvez faire sont les clés de la réussite. Chaque nouveau
symptôme ne doit pas être refusé. Il s’agit de votre corps et de la première
étape du processus. Cela ne sera pas facile, mais c'est une étape du chemin
pour vivre durablement avec la SEP.
Aujourd’hui, j’accepte mon corps et mes problèmes physiques,
parfois avec humour. Il y a des jours où je veux jouer au football. J’habite en
Asie et heureusement il y a moins de visibilité pour ce sport. Si
vous n’acceptez pas votre corps, vous ne pourrez pas faire le deuil
psychologique de votre personne d’avant. Dans mon prochain article, je
détaillerai le processus d’acceptation psychologique, une étape encore plus
dure que l’acceptation physique.
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